Parfois, il faut apprendre à demander
de l'aide.
Cette phrase est sans doute toute bête, mais cela est pourtant plus facile à dire qu'à faire. Demander de
l'aide, je l'ai fait il y a deux ans de cela. Il m'a fallu un déclic
pour faire une telle chose, mais ce déclic a changé ma vie. Quel
déclic? J'ai frôlé la mort il y a 4 ans. Un déclic à retardement
me diriez vous, mais oui, il m'a fallut deux ans pour me faire à
l'idée que je n'y arriverai pas seule.
Parce que j'avais peur de me confier
sur un problème de santé, parce que je refusais de l'aide, sans
doute trop fière pour faire une telle chose. Pourtant sur ce lit,
alors que les visages inquiets de mes parents étaient positionnés
au-dessus de moi, je n'ai pas su tout de suite que je prendrai deux
ans plus tard une décision qui est bonne pour ma santé.
Dans quelques semaines, je vais avoir
une chirurgie bariatrique. Pour ceux et celle qui ne le savent pas,
il s'agit d'enlever une partie de l'estomac pour perdre plus
facilement du poids. Certains diront « solution de facilité »
d'autres diront que c'est super, d'autre encore diront qu'on peut
s'en passer.
Sachez juste que je suis en accord avec
moi-même et que ma décision est mûrement réfléchie. Si cela
n'avait pas été le cas, croyez vous que j'aurai tenue deux années
à me faire analyser par tout un panel de docteur ? Non. La
chirurgie bariatrique arrive au moment où le suivi médical est en
échec....et malheureusement pour moi.... le suivit médical est un
véritable échec. Non ce n'est pas une solution de facilité. Vous
pensez sincèrement que si j'avais pu maigrir seule j'aurai envisagé
cette solution ? La réponse est non. Mais à un point où ma
santé est en danger, il faut agir.
Excusez-moi l'expression, mais il faut avoir "des couilles" pour décider un beau jour de s'amputer d'une part d'un organe sain pour mieux vivre... et je parle en connaissance de cause... ma grand-mère est décédé l'an dernier d'un cancer de l'estomac. Parfois je doute, je me dis, « et si ça m'arrivait à moi aussi ? » mais de toute façon je sais que si je ne fais pas quelque chose maintenant, ma vie sera de toute façon compliquée avec toutes les maladies liées à l'obésité.
Obésité.... je n'aime pas ce terme
….. c'est un terme tellement disgracieux, qui te fait comprendre
que tu n'es pas dans la norme « Quand on est gros, on ne peut
pas être heureux » au cours de cette année j'ai entendu
plusieurs fois dire ça, je n'ai pas envie de donner raison à cette
personne, je suis grosse et dans ma vie, je suis heureuse, j'ai une
famille extraordinaire, j'ai des amies merveilleuses, j'ai des
passions qui me portent, j'ai même des projets d'avenir qui me
plaisent et que j'envisage un jour de réaliser. Non quand on est
gros on peut être heureux, par contre , quand on est obèse et
malade, c'est autre chose. La maladie gâche tout. La maladie vous
donne des coups de mou par moment, la maladie vous fait parfois
baisser les bras.
La chirurgie n'est qu'un outil. C'est
l'outil que les chirurgiens nous donnent pour pouvoir faire le travail. La chirurgie aide pour 10 % de l'amaigrissement. Les
90 % restants...c'est bibi qui les fournis. C'est sur que si tu
te fais opérer et que tu bouffes un poulet entier juste après ça
n'aura pas les mêmes résultats que si tu manges un repas sain et en
petite portion. ( je vous assure que les personnes qui mangent un
poulet entier après la sleeve existe, j'ai rencontré cette
personne et sa faculté à avaler un poulet devant mes yeux m'a un
peu choqué). Oui l'estomac est un muscle qui se distant, si vous
mangez trop, cela remet au fil du temps son estomac dans son état
d'origine, le plus souvent... les personnes qui font de telles choses
doivent se refaire opérer.... mais le muscle de l'estomac n'est pas
non plus capable déformer éternellement...le jour où il n'y a plus
de tissus...c'est terminé.
Lorsque l'on fait le choix de la
chirurgie bariatrique.. on nous propose trois opérations bien
distinctes. L'anneau gastrique, la Sleeve, ou le Bypass. Pour les
personnes qui souhaitet un jour faire cela.... sachez que le
chirurgien peut vous guider mais jamais vous imposer une opération.
C'est votre corps et vous seul prenez les décisions sur le choix de
l'opération. L'anneau n'est quasiment plus pratiqué. Aussi votre
choix se portera surtout sur le sleeve ou le bypass. Mon choix s'est
porté sur la sleeve, cette opération bien qu'importante
m'effrayait moins que le bypass. Mon opération implique donc de me
retirer deux tiers de l'estomac. Le dernier tiers restant sera
l'équivalent en terme de contenance d'un pot de yaourt. C'est peu,
très peu mais c'est à cela que consiste l'opération, proportionner
les aliments afin de pouvoir perdre du poids plus facilement tout cela bien entendu complété par une activité physique régulière.
Venant en maintenant aux différents
rendez-vous au cours de ces deux ans, psychiatres, TOGD,
nutritionniste, diététicienne, endocrinologue, fibroscopie,
chirurgien, hospitalisation de semaine, apnée du sommeil,
impédancemétrie, calorimétrie, échographie, prises de sang, j'ai
eu droit à tout un panel de professionnel de santé. En deux années
je n'ai pas vu moins de 5 nutritionnistes différents (difficile de
dire aux autres professionnels qui était mon nutritionniste attitré,
je ne l'ai appris qu'il y a un mois c'est pour dire.) tous ces
différents professionnels de santé, tous ses rendez-vous servent à
savoir si oui ou non tu es apte à avoir cette opération. Tout un
tas de test servant à savoir si je ne manquais de rien ,si je ne
n'avais pas de malformation, si je n'avais pas de bactérie dans
l'estomac, si je n'ai pas de problème dans le système digestif etc
…
Si l'on me demande quel a été mon pire rendez-vous, je
répondrai sans la moindre hésitation que la fibroscopie a été la
pire. Non rassurez vous, ce n'est pas douloureux, mais oui ...c'est
très dérangeant, sentir ce tuyau descendre dans ma gorge jusqu'à
mon estomac n'a pas été un véritable plaisir, je ne dirai pas que
j'ai eu mal ( bien qu'ayant eu par la suite des petits maux à
l'estomac en raison de l'irritation) , je dirais cependant que je
l'ai mal vécu. Mais cela est du passé à présent, un simple rendez-vous désagréable à passer pour s'octroyer un ticket vers une vie
meilleure sans les kilos ensuite.
Un point important que j'aimerais aborder à présent … « un corps sain dans un esprit sain »
... cette citation n'est pas à prendre à la légère, si dans la
tête ça ne va pas, le corps non plus n'ira pas et j'en ai fait les
frais. Cette année n'a pas été facile pour moi. Ma mamie et mon
papy ont déployé leurs ailes d'anges pour rejoindre les cieux. Cela
m'a rongé intérieurement. J'avais perdu pas mal de poids avant
d'apprendre la nouvelle pour ma grand-mère, mais suite à cette
annonce ...ce fut la chute libre …. mon grand-père a suivi 3
mois plus tard et cela m'a fait totalement sombrer dans une sorte de
dépression dont j'ai énormément de mal à me sortir. Peut être
est ce pour cela que les médecins reculent sans cesse le moment
fatidique où je me ferai opérer, car si je pars malheureuse, la
perte de poids ne sera pas facile.
Je vais mieux, bien qu'il m'arrive
parfois de faire des petites rechutes où mon moral ne suit pas, je
vais bien. Le moral est à mes yeux un point toutefois important, ne
pas se laisser aller, ne pas rester seule, parler, sortir, allez
voir sa famille, ses amies... pendant un long moment j'ai perdu le
goût à tout cela, je restais seule, prostrée, j'étais malheureuse.
Je suis toujours malheureuse la perte d'une personne que l'on aime ne
guérit jamais tout à fait, mais alors …imaginez la perte de deux
personnes que l'on aime coup sur coup. Il y a en moi une blessure qui
ne guérit pas, elle ne guérira sans doute jamais, mais il faut
continuer à vivre, recommencer à être heureuse. Pendant plusieurs
mois, mes rires, mes sourires étaient faux, faire bonne figure ne
veut pas dire que ça va mieux.
Il faut donc se ressaisir et encore
plus lorsque comme moi on fait le choix de faire une opération. Le
suivi psychologique est très important dans ce genre
d'intervention. On maigrit tellement vite dans les premiers temps
qu'il peut arriver qu'on se rejette soi-même, qu'on déteste notre corps, nos décisions. C'est pour cela qu'un suivi est instauré
avant et après l'opération pour apprendre à s'aimer, apprendre à
être en accords avec notre propre corps et avoir une image moins
dégoûtée de soi.
La sleeve est pour moi le dernier
espoir, ce dernier petit point lumineux dans mon esprit pour m'aider
à accéder à la vie de mes rêves, je ne veux pas d'une taille 36,
je ne veux pas non plus être maigre à ne plus supporter mon image,
je ne me fixe pas spécialement un poids rêvé. Non cela ne sert à
rien et ne va en aucun cas nous aider. Je me fixe seulement
l'objectif de trouver un poids où je me sentirai bien dans ma peau,
où je m'accepterai un peu plus et qui aidera mon corps à plus
supporter mes autres problèmes de santé, ces problèmes qui sont la
principale cause de cette décision d'opération.
Beaucoup de gens avec qui j'ai parlé
et qui ont fait cette opération m'ont dit la même chose «si
c’était à refaire, je le ferai » , « c'est une deuxième naissance pour moi »
Reste à voir si ces phrases
seront valables pour moi aussi ?
Rendez-vous après
l'opération.